La sixième édition du Vendée Globe s’anime déjà d’une intensité rare. Au terme d’une journée marquée par des rebondissements spectaculaires, les monocoques IMOCA ont franchi leur premier cap symbolique, celui des Aiguilles. Cette étape cruciale dans l’hémisphère sud redessine la hiérarchie des solitaires, avec notamment l’ascension remarquable de Yoann Richomme. Les conditions météorologiques exigeantes, conjuguées à la présence de la zone d’exclusion arctique, ont contraint les skippers à déployer leurs talents tactiques dans un ballet nautique où chaque décision pèse sur le classement.
Cette journée du 30 novembre 2024 restera gravée dans les mémoires, non seulement pour ses performances exceptionnelles, mais aussi pour l’abandon déchirant de Maxime Sorel, rappelant que l’océan demeure le maître absolu de cette circumnavigation en solitaire.
Yoann Richomme s’empare du leadership avec une avance de 6 milles
Dans un retournement de situation spectaculaire au cœur de l’océan Indien, Yoann Richomme, à la barre de Paprec Arkéa, a pris l’ascendant sur l’ancien leader Charlie Dalin dans la nuit de vendredi à samedi. Au pointage matinal de 7 heures, le skipper affiche une avance de 6 milles nautiques sur Sébastien Simon, tandis que Dalin se retrouve relégué à 11 milles de la tête.
Cette prise de pouvoir s’accompagne d’une redistribution des cartes dans le peloton de tête, avec Thomas Ruyant qui observe la bataille à 39 milles, et un Jérémie Beyou plus en retrait à 132 milles. La configuration actuelle dessine une course à deux vitesses, le quintet de tête creusant inexorablement l’écart avec le reste de la flotte sur ces eaux australes exigeantes.
Charlie Dalin établit un nouveau record jusqu’au cap de Bonne-Espérance
Cette nuit, à 23 h 30 précises, Charlie Dalin a franchi le cap de Bonne-Espérance, pulvérisant au passage un record vieux de huit ans. Le skipper d’Apivia a amélioré de 21 heures et 17 minutes la référence établie par Alex Thomson lors de l’édition 2016. Un exploit remarquable qui souligne la performance exceptionnelle des Imoca nouvelle génération.
La progression fulgurante de la flotte entre le cap de Bonne-Espérance et le cap des Aiguilles témoigne des conditions météorologiques favorables. Les skippers ont avalé les 80 milles nautiques séparant ces deux caps mythiques en un temps record, entre 3 h 47 et 6 h 30. Plus impressionnant encore, l’ensemble du peloton s’est regroupé pour franchir la longitude des Aiguilles en seulement 37 minutes, offrant un spectacle rarissime dans l’histoire de cette course en solitaire.
Une navigation intense le long de la zone d’exclusion arctique
Le ballet des voiles s’intensifie alors que la flotte longe désormais la zone d’exclusion arctique (ZEA). Cette portion du parcours, réputée pour ses conditions musclées, impose aux skippers une perpétuelle quête d’équilibre entre performance et préservation du matériel.
Un corridor stratégique délicat
L’exercice s’apparente à une partie d’échecs grandeur nature : les marins doivent composer avec un couloir de navigation restreint, où le choix des voiles et l’angle d’attaque deviennent des paramètres déterminants. La houle australe, couplée aux dépressions successives, transforme chaque empannage en décision lourde de conséquences.
L’art du compromis en haute mer
Dans ces latitudes australes, les foilers modernes peuvent littéralement décoller sur les longues vagues, atteignant des vitesses vertigineuses. Une situation qui requiert une vigilance de tous les instants : trop pousser la machine expose à la casse, tandis qu’une navigation trop conservatrice peut coûter des milles précieux dans ce segment propice aux grandes chevauchées.
Les positions stratégiques du reste de la flotte
L’écart se creuse inexorablement dans cette première partie de course, dessinant une flotte étirée sur plus de 2 000 milles nautiques. La disposition actuelle des bateaux révèle des choix tactiques distincts face aux conditions météorologiques complexes de l’océan Indien.
- Justine Mettraux, positionnée à la 12e place, navigue avec détermination à 1 062 milles du leader. La skippeuse prépare méticuleusement son IMOCA pour affronter les redoutables mers australes qui l’attendent.
- Alan Roura poursuit sa route en 23e position, accusant un retard de 1 922 milles. Le navigateur suisse maintient un cap régulier malgré l’écart considérable.
- Éric Bellion, sur Stand As One – Altavia, occupe la 26e place. Le skipper compose avec des conditions particulièrement musclées aux abords du cap de Bonne Espérance.
- Oliver Heer ferme la marche du groupe évoqué, reculant à la 36e position avec 2 234 milles de débours sur le leader. Une situation qui illustre la dureté de cette première phase de course.
L’abandon de Maxime Sorel marque la course
Le Vendée Globe vient de connaître son premier coup dur avec le retrait de Maxime Sorel. Le skipper de V and B-Monbana-Mayenne, qui naviguait encore avec détermination il y a quelques jours, s’est vu contraint de faire demi-tour vers la France, une blessure nécessitant des soins médicaux ayant eu raison de ses ambitions.
Cette nouvelle redessine la physionomie de la course, ne laissant plus que 39 marins sur les 40 partis des Sables-d’Olonne. Un premier abandon qui rappelle la dureté de cette épreuve en solitaire, où la condition physique des skippers joue un rôle aussi crucial que la performance de leurs machines.
Thierry, rédacteur du blog a-babord.com, est un passionné de voiliers. Dans notre blog, il raconte souvent ses expériences sur l’eau et donne des conseils aux autres navigateurs.