La 10e édition du Vendée Globe continue de tenir toutes ses promesses en cette treizième journée de course. Les monocoques IMOCA s’élancent désormais vers les mers du Sud, après avoir franchi l’équateur dans des conditions particulièrement éprouvantes. La flotte, emmenée par un Charlie Dalin impressionnant de maîtrise, navigue actuellement dans une zone météorologique complexe entre le Brésil et l’archipel de Trindade. Les marins doivent composer avec une succession de systèmes dépressionnaires tout en anticipant leur stratégie pour contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène, véritable carrefour stratégique sur la route du cap de Bonne-Espérance.
Charlie Dalin mène la flotte avec 31,55 milles d’avance sur Thomas Ruyant
La bataille fait rage en tête du Vendée Globe, où Charlie Dalin, à la barre de Macif Santé Prévoyance, impose sa cadence. Le skipper normand creuse méthodiquement l’écart, affichant désormais 31,55 milles nautiques d’avance sur son plus proche poursuivant, Thomas Ruyant sur Vulnerable. Cette progression témoigne d’une maîtrise tactique remarquable dans la descente des côtes brésiliennes. Le peloton de tête, composé de 19 marins ayant franchi l’équateur, voit également Yoann Richomme (Paprec Arkéa) se hisser à la troisième place, une performance notable qui bouscule la hiérarchie établie. Sam Goodchild, malgré sa rétrogradation en cinquième position, reste en embuscade dans un groupe de poursuivants particulièrement dense. Cette configuration promet une lutte acharnée, alors que les états-majors analysent chaque variation de vent pour optimiser leurs trajectoires vers le prochain grand cap.
Une dépression secondaire cruciale attendue entre le Brésil et l’archipel de Trindade
Les éléments météorologiques dessinent un scénario captivant pour la flotte de tête du Vendée Globe. Une dépression secondaire, véritable aubaine stratégique, se profile entre les côtes brésiliennes et l’archipel de Trindade. Cette configuration atmosphérique représente une opportunité majeure pour les skippers, leur permettant d’optimiser leur progression vers le cap de Bonne-Espérance.
Un positionnement tactique déterminant
L’art de la course au large prend tout son sens dans cette phase météorologique. Les leaders doivent désormais affiner leurs trajectoires pour intercepter cette dépression de manière optimale. L’anticipation du phénomène nécessite une lecture précise des fichiers météo et une adaptation constante de la route. Cette dépression secondaire, caractérisée par des vents portants, offre un véritable tremplin vers l’hémisphère sud. Les marins devront jouer sur les laylines – ces lignes imaginaires définissant les routes optimales – pour maximiser leur vitesse sans perdre en cap.
Un accélérateur vers le grand sud
Cette configuration météorologique avantage nettement l’avant de la flotte. Les premiers bateaux bénéficient d’un effet d’aspiration vers le sud, créant mécaniquement des écarts avec leurs poursuivants. La maîtrise de ces conditions demande une gestion fine du matériel : réglages millimétrés des voiles, choix précis du timing pour les empannages, anticipation des contraintes sur le gréement. Les marins naviguant en tête disposent là d’une rampe de lancement idéale pour creuser l’écart avant d’affronter les mers australes. Cette opportunité météorologique s’apparente à un véritable accélérateur de particules nautiques, propulsant les IMOCA vers leur descente australe.
La sortie du Pot-au-noir marque l’entrée dans les alizés du Sud-Est
La traversée du Pot-au-noir, cette zone de convergence intertropicale redoutée des navigateurs, s’achève progressivement pour la tête de flotte. Cette transition météorologique complexe, caractérisée par son instabilité et ses calmes capricieux, laisse place aux alizés du Sud-Est, offrant des conditions de navigation radicalement différentes.
- Une traversée contrastée : Thomas Ruyant s’est distingué en franchissant le premier cette zone météorologique délicate, démontrant une maîtrise tactique remarquable dans ces conditions si particulières du Pot-au-noir.
- Des fortunes diverses : Tandis que certains skippers ont su tirer leur épingle du jeu, d’autres ont particulièrement souffert. Tanguy Le Turquais, à la barre de Lazare, a subi un ralentissement notable, perdant un temps précieux dans ces parages capricieux.
- Une épreuve d’endurance : La jeune Violette Dorange a vécu une traversée particulièrement éprouvante, passant plus de trente heures dans cette zone, confrontée aux caprices d’une météo changeante et aux multiples réglages qu’impose cette navigation si spécifique.
- Un bouleversement du classement : Les conditions instables caractéristiques du Pot-au-noir ont redessiné les positions, créant des opportunités pour certains et des déceptions pour d’autres, preuve que cette zone reste un juge de paix redouté dans la course au large.
Évasion vers les alizés: un voilier s’élance à l’aube vers de nouvelles aventures.
La vie à bord : entre adaptation et résilience au 13e jour
Les conditions physiques et mentales des skippers du Vendée Globe varient considérablement au 13e jour de course. La chaleur tropicale, les mouvements incessants du bateau et les petits tracas quotidiens mettent à l’épreuve leur capacité d’adaptation.
Comment Jérémie Beyou gère-t-il sa blessure au genou ?
Le skipper de Charal démontre une résilience remarquable. Son genou endolori nécessite des adaptations constantes dans ses manœuvres quotidiennes. La position de sixième qu’il maintient, malgré cette difficulté physique, témoigne d’une gestion méticuleuse de sa blessure, alternant phases de repos et d’activité intense.
Quels défis Violette Dorange affronte-t-elle dans cette phase de course ?
La navigatrice traverse une période délicate, principalement due aux températures élevées qui perturbent son cycle de sommeil. Les nuits moites sous les tropiques rendent le repos difficile, un facteur crucial dans une course en solitaire où la récupération conditionne la performance.
Comment s’organisent les routines quotidiennes malgré les conditions extrêmes ?
Les skippers maintiennent une discipline rigoureuse. L’hygiène personnelle et l’alimentation constituent des rituels immuables, même dans des conditions spartiates. Ces moments structurent leurs journées et préservent un semblant de normalité. Certains, comme Romain Attanasio sur Fortinet – Best Western, doivent composer avec des secousses particulièrement violentes qui compliquent chaque geste du quotidien.
Quelles stratégies mentales adoptent les marins pour tenir sur la durée ?
La lecture s’impose comme un refuge précieux dans cette traversée en solitaire. Ces moments d’évasion, couplés à diverses activités quotidiennes soigneusement planifiées, constituent des piliers essentiels pour maintenir un équilibre psychologique. Ces routines permettent de rythmer les journées et de conserver une stabilité mentale dans l’isolement du grand large.
Cap vers Bonne-Espérance pour éviter l’anticyclone de Saint-Hélène
La flotte du Vendée Globe s’engage dans une phase stratégique majeure le long des côtes brésiliennes, où l’art de la navigation prend tout son sens. Les skippers, particulièrement les meneurs équipés de foilers, déploient leurs talents tactiques pour contourner l’imposant anticyclone de Saint-Hélène. Cette zone de hautes pressions, véritable Everest météorologique de l’Atlantique Sud, contraint les marins à une trajectoire plus occidentale. L’objectif ? Ne pas se faire piéger dans cette zone de vents faibles qui pourrait considérablement ralentir leur progression. D’après les prévisions de Christian Dumard, météorologue de la course, les premiers devraient franchir le cap de Bonne-Espérance dès dimanche, témoignant d’un rythme soutenu. Les foilers démontrent leur supériorité technique dans ces conditions, leurs appendices permettant de maintenir des vitesses élevées même dans des conditions de mer formée. Cette descente vers le grand Sud constitue un moment charnière où chaque décision de route peut avoir des répercussions considérables sur le classement.
Cordage brillant sous le soleil matinal, prêt pour contourner Saint-Hélène.
Thierry, rédacteur du blog a-babord.com, est un passionné de voiliers. Dans notre blog, il raconte souvent ses expériences sur l’eau et donne des conseils aux autres navigateurs.