Dans la pêche des espèces protégées, relâcher les poissons avec soin est essentiel pour assurer leur survie. Nous abordons ici les méthodes clés pour minimiser les blessures grâce notamment aux hameçons circulaires, qui réduisent les perforations internes. L’usage de leurres artificiels, à porter de main, diminue aussi significativement la mortalité liée à l’hameçonnage profond. Nous insistons sur l’importance de limiter la manipulation hors de l’eau et d’adapter l’équipement pour réduire la durée du combat afin de préserver les fonctions vitales du poisson. Enfin, nous expliquerons les gestes pour un relâcher respectueux du milieu et des conditions physiologiques, indispensables à la réussite d’une remise à l’eau optimale.
Privilégier les hameçons circulaires pour éviter les blessures internes
Les hameçons circulaires se distinguent par une pointe orientée à 90° par rapport à l’axe de la tige, un design qui favorise l’accrochage au bord de la bouche plutôt qu’un hameçonnage profond. Cette configuration réduit considérablement les blessures, notamment aux organes vitaux tels que l’estomac, l’œsophage et les branchies, diminuant ainsi la mortalité post-relâcher.
En cas de pénétration trop profonde de l’hameçon, la meilleure option consiste à couper la ligne au plus près du noeud. Tenter un retrait forcé peut causer davantage de dommages internes et diminuer les chances de survie. Heureusement, la plupart des poissons réussissent à expulser naturellement un hameçon, surtout lorsqu’il est fabriqué en matériau biodégradable.
Utiliser des leurres artificiels pour réduire l’hameçonnage profond et la mortalité
Les leurres artificiels représentent une alternative bien plus sûre que les appâts naturels. En effet, ils provoquent environ dix fois moins de mortalité chez les poissons relâchés. Les appâts naturels, tels que poissons morts, sangsues ou vers, tendent à entraîner un hameçonnage souvent profond, causant des blessures internes sévères et réduisant les chances de survie après relâcher.
Cependant, il faut impérativement éviter les leurres artificiels olfactifs, car leurs effets digestifs et attractifs s’apparentent à ceux des appâts naturels, augmentant les risques d’hameçonnage profond et lésions.
Minimiser la durée et la manipulation hors de l’eau pour préserver les fonctions vitales
Limiter le temps hors de l’eau
La survie des poissons protégés dépend étroitement du temps passé hors de l’eau. Il est crucial de s’assurer que la manipulation ne dépasse pas 10 à 15 secondes, délai au-delà duquel le stress et la perturbation des fonctions physiologiques s’intensifient fortement. Plus ce temps est court, mieux les organes internes conservent leur intégrité et leur fonctionnement.
Éviter tout contact nocif
Manipuler les poissons avec délicatesse est essentiel. Il faut impérativement éviter de toucher les branchies, les yeux ainsi que le mucus protecteur. Ce dernier agit comme une barrière naturelle contre les infections et une blessure à cette couche fragile ou aux organes respiratoires augmente le risque de mortalité post-relâcher.
Maintenir une posture adaptée
Tenir le poisson à l’horizontale, avec un soutien ferme sous le ventre, protège sa colonne vertébrale et évite les déchirures d’organes internes. Le suspendre verticalement, par la queue ou la mâchoire, exerce une pression excessive et peut être fatal, notamment pour les espèces protégées.
Utiliser une épuisette douce
Opter pour des épuisettes à mailles fines en caoutchouc ou en coton sans nœuds permet de minimiser les blessures cutanées et facilite une prise en main plus respectueuse du poisson, favorisant ainsi un relâché sûr et efficace.
Adapter le matériel et la technique de pêche pour réduire la durée du combat et l’épuisement du poisson
Utiliser un équipement robuste
Disposer d’une canne, d’un moulinet et d’un bas de ligne adaptés et résistants permet d’abréger rapidement la durée du combat. Cela réduit la fatigue musculaire du poisson et évite l’accumulation d’acide lactique, facteur de stress majeur compromettant la survie.
Privilégier la pêche active
La pêche active, avec un contrôle constant de la ligne et une vigilance accrue, limite la durée d’engagement du poisson et évite qu’il avale profondément l’hameçon. Ce mode de pêche contribue à minimiser les blessures et optimise les chances de survie post-relâcher.
Éviter le combat prolongé
Un combat trop long induit un stress physiologique sévère, notamment une défaillance de la fonction cardiaque et des troubles dans les échanges gazeux (O₂ et CO₂). Ces altérations diminuent considérablement la capacité du poisson à récupérer après la remise à l’eau.
Adapter selon l’espèce ciblée
Choisir du matériel en fonction des caractéristiques de la cible facilite un relâché rapide et réduit les risques de traumatisme. Par exemple, pour les espèces plus vigoureuses, un équipement renforcé permettra d’éviter un épuisement excessif.
Technique de catch and release fishing : pêche responsable avec canne adaptée et épuisette douce.
Procéder au relâcher en respectant l’environnement et les conditions physiologiques du poisson
La remise à l’eau doit s’effectuer dans un lieu oxygéné, à une profondeur suffisante pour que le poisson puisse récupérer confortablement. Le maintenir horizontalement, face au courant, sans mouvements brusques, favorise la réoxygénation et la récupération musculaire avant sa libération définitive.
Il est également conseillé d’éviter la pêche en eaux profondes lorsqu’il s’agit d’espèces sensibles au barotraumatisme, car la remontée rapide peut provoquer des lésions graves dues à la décompression soudaine.
Enfin, veiller à ce que la température de l’eau reste modérée, idéalement en dessous de 21 °C, limite le stress thermique et réduit le risque d’infections post-relâcher, favorisant ainsi la pérennité des populations protégées.
Dans ses articles, René aborde différents sujets liés à la mer, à la voile et à la culture maritime. Il partage également sa passion pour la photographie et les voyages à travers ses écrits.
